La crise politique thaïlandaise bloque les grands projets d’investissement
La visite de Somkid Jatusripitak intervient alors que la situation politique de la Thaïlande empêche toute visibilité sur l’avenir.
De quelle marge de manoeuvre dispose réellement le vice-Premier ministre thaïlandais durant son voyage en France ? Etant donné l’imbroglio politique dans lequel se trouve son pays depuis le début de l’année, beaucoup estiment que le gouvernement d’intérim du royaume ne peut que gérer les affaires courantes en attendant que la situation se clarifie. Pour l’instant, il règne le plus grand flou sur la date des prochaines législatives. Ce scrutin, qui devait permettre de faire oublier le précédent, invalidé par les plus hautes juridictions de Thaïlande en raison du boycott de l’opposition, était prévu pour la mi-octobre. C’était sans compter le scandale qui vient de toucher la commission électorale : plusieurs membres de celle-ci ont été reconnus coupables de collusion et de favoritisme vis-à-vis du parti au pouvoir, le Thaï Rak Thaï (TRT). La nouvelle commission, fraîchement constituée, a déjà fait comprendre qu’elle n’aurait pas le temps de préparer un vote pour le 15 octobre.
Incertitude
Depuis les premières manifestations au début de l’année contre Thaksin Shinawatra, l’homme d’affaires tout-puissant devenu Premier ministre, la Thaïlande ne parvient pas à sortir de l’incertitude. Et la communauté d’affaires en pâtit, car aucune impulsion politique n’est envisageable. Les programmes que devait lancer l’Etat thaïlandais sont tous restés dans les cartons. C’est notamment le cas des « méga-projets » qu’avait annoncés le Premier ministre et dont le budget de 45 milliards de dollars sur cinq ans alléchait déjà les grandes entreprises spécialisées dans les infrastructures.
Les récentes déclarations rassurantes sur le lancement de l’appel d’offres pour le projet de métro à Bangkok laissent sceptique un opérateur du secteur : « Répondre à des appels d’offre est une procédure coûteuse. Pourquoi le faire quand on sait que le ministre va changer dans quelques mois ? »
Une chose est sûre, l’ambiance dans le pays n’est pas propice aux décisions posées et réfléchies. A l’image de cette annonce subite du ministre du Commerce d’un projet de loi visant à interdire l’ouverture de nouvelles grandes surfaces dans le pays. Tandis que les entreprises intéressée par les projets publics naviguent à vue, les performances macroéconomiques du pays résistent. Au cours du premier semestre, selon la Mission économique française de Bangkok, le pays a connu une croissance de 5,4 % sur un an (contre 4,5 % l’année dernière). Les exportations ont connu un boom de 17 %. Et le récent ralentissement de l’inflation a permis à la banque centrale de mettre un terme à sa politique de hausse des taux. Seule la consommation des ménages a sérieusement fléchi, n’augmentant que de 1,5 % sur un an (contre + 6 % un an auparavant). Plus que la situation politique, c’est toutefois la hausse du brut qui en serait la principale cause.
G. G.