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Remise en place

Chattaya, itinéraire d’un ladyboy de la Thailande au bois de Boulogne

La belle Chattaya nous raconte son itinéraire de ladyboy globe-trotter, depuis son petit village du nord de la Thaïlande jusqu’aux nuits du bois de Boulogne. Elle en a vu du pays !

À douze ans, encore petit garçon, Chattaya quitte ses rizières pour une école de boxe thaïe de Bangkok. Elle en pince pour ses camarades de ring et affectionne particulièrement les corps à corps. C’est décidé : elle deviendra femme pour se faire aimer des hommes. Cures d’hormones et relookages dessinent la nouvelle Chattaya.
Alors que ses seins commencent à faire désordre sur les rings, elle s’envole pour Hong Kong. Elle parachève sa métamorphose et monnaie ses charmes dans la baie, de sampan en cargo. Elle a la vocation : donneuse de bonheur, elle fait le plus beau métier du monde. On l’aime, Chattaya ! Mais la voilà partie avec un vieux monsieur Jules aux Baléares. Dame de compagnie, elle dore au soleil et écume les discothèques. Elle rencontre un jeune Jérôme éperdu et le suit dans sa banlieue parisienne. Le bois de Boulogne n’est pas loin. Et c’est de sa camionnette aménagée que Chattaya nous livre sa vie…

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extrait

Premier amour
La maîtresse d’école du village s’appelait Madame Thongthanom. Elle avait une forte poitrine qui rendait jalouses les autres femmes. A l’heure des exercices de calcul mental, je rêvais en secret de ses seins merveilleux, ne cherchant nullement à savoir combien faisaient 3 x 5, ou même 3 + 4, mais imaginant plutôt le tour de poitrine de mon institutrice – 95 ? 100 ? 110 ?

Maman, comme toutes les mères du village, n’aimait pas tellement Madame Thongthanom. Elle était convaincue que ma maîtresse, malgré les apparences évidentes, était en réalité un homme. C’était à n’y rien comprendre. Avec des seins pareils, mon institutrice ne pouvait être qu’une femme ; qu’on puisse en douter me paraissait insensé. J’aurais aimé connaître l’avis de Papa sur le sujet, qu’il me rassure une bonne fois pour toute : « Ta maîtresse d’école est une femme, mon fils, aussi sûr que le ciel est bleu, que la Terre tourne autour du soleil et que les chiens finissent dans la poêle à frire ! » Mais Papa se foutait pas mal de mon institutrice et de ses gros nichons, il préférait assécher les bouteilles de gnôle avec Oncle Daeng – « kin lao sabaï ! » De toute façon, tout ce qui touchait à l’école, de près ou de loin, ne l’intéressait pas. Il n’est jamais venu me chercher après la classe. Quant aux seins des femmes… Papa faisait-il encore seulement l’amour à Maman ?

Madame Thongthanom venait de libérer la classe. Tous les enfants se précipitaient dans la cour en piaillant. Il avait plu dans l’après-midi. Le sol était couvert de boue. Les garçons en profitaient pour éclabousser les filles. Les chemisettes passaient du blanc au marron sans que les mamans, tout juste débarquées des rizières voisines, chapeau de paille sur la tête et faucille à la main, n’interviennent ou ne grondent. Pour ma part, je préférais patienter quelques instants dans la classe, le temps que ça se calme. Pour ne pas salir ma chemisette, mais aussi dans l’espoir que Madame Thongthanom se change, quitte son uniforme officiel pour une tenue plus décontractée. Il n’en fut malheureusement rien. Bien que nettement à l’étroit dans sa chemise kaki, les boutons menaçant de rompre sous la pression de sa fabuleuse poitrine, mon institutrice ne s’autorisa aucun relâchement, garda jusqu’au bout sa panoplie de maîtresse d’école. Elle remarqua ma présence et m’invita à déguster une salade de papaye au pied du grand tableau noir surmonté des portraits du roi et de la reine.

– Attention, c’est piquant, m’avertit madame Thongthanom.

– J’ai l’habitude, maîtresse, ne craignez rien.

A l’époque, à l’exemple de tout un peuple, j’avais tendance à ingérer du piment sans compter. Mon cul pouvait être truffé d’hémorroïdes, ça ne nuisait aucunement à ma vie d’enfant de la campagne. Pêcher la crevette le long de la rivière, jouer à chat-fantôme dans la cour du temple et organiser des combats de boxe thaïe avec les copains n’empêchaient pas de manger épicé. Aujourd’hui, c’est un peu différent, je dois faire attention. La consommation de piments, dans mon métier, est plutôt déconseillée si l’on ne veut pas avoir de problème de santé.

Madame Thongthanom et moi avions les papilles en feu. Les minuscules piments rouges et verts faisaient leur effet. Nos doigts piochaient à intervalles réguliers dans l’assiette des lamelles de papaye gorgées de sauce de poisson, parfois, se touchaient furtivement. Des frissons parcouraient alors tout mon corps, oreilles et orteils se renvoyaient l’ascenseur avec tremblements de chair à tous les étages. Non, je ne bandais pas. J’avais juste la sensation qu’une force intérieure cherchait à prendre du volume au niveau de la poitrine, comme une poussée de seins. J’étais loin d’imaginer qu’un jour, j’aurais des nibards aussi gros que ceux de Madame Thongthanom.

J’avais fini par quitter la classe, la langue brûlée par les piments, des images de gros nichons plein la tête. Je ne voulais pas rentrer à la maison, ni même aller enfiler les gants pour un énième combat de boxe thaïe avec les copains. Je voulais juste caresser mes seins, caresser ces seins qui ne pousseraient jamais, devenir ma maîtresse d’école le temps d’un mirage. En chemin, j’avais croisé des visages familiers, ici un oncle et un cousin, là un grand-père et un voisin, tous plus fatigués les uns que les autres après une rude journée de travail passée dans les rizières. D’ici peu, l’alcool de riz coulerait à flot dans les organismes. Il en était ainsi tous les soirs. D’ailleurs qu’avaient d’autre à faire les hommes du village si ce n’était se soûler la gueule en affirmant haut et fort que la vie est belle ?

Je m’étais installé au pied d’une petite cabane montée sur pilotis située à l’écart de la route principale. L’esprit qui y résidait était celui d’un jeune garçon mort du paludisme. Quelqu’un y avait déposé en offrande une assiette de riz collant, un verre de Fanta orange et des graines de pastèque salées. D’un geste du pied, j’avais pris soin d’effrayer les éventuels serpents. Le sol, couvert d’herbes hautes, était encore un peu humide. Au loin, l’alcool commençait à monter dans les têtes. Oncle Daeng a la voix qui porte. Je l’entends encore apostropher Papa : « Ton arrière grand-père était paysan, ton grand-père était paysan, ton père est paysan, tu es paysan, ton fils sera… » – maîtresse d’école, si personne n’y voit d’inconvénient ! Je m’étais alors mis torse nu dans l’espoir de faire grandir mes mamelons. L’esprit du jeune garçon mort du paludisme allait-il se mettre à bander ? C’est sans sexe, un esprit, en avais-je conclu, la main posée sur un sein désespérément plat. Pourquoi n’étais-je pas né pouying¹ !

1. Fille
Maman avait préparé une soupe de poissons-chats à la citronnelle. Bien que travaillant elle aussi dans les champs, elle assurait les taches ménagères sans jamais rechigner. Papa était déjà couché. L’alcool de riz avait eu raison de lui. Oncle Daeng, toujours debout, tournait autour de Kéo, ma grande sœur chérie âgée de presque treize ans. Maman insistait auprès de son frère pour qu’il s’en retourne chez lui. Oncle Daeng, un énième verre de gnôle basculé d’un trait et des histoires de pets plein la bulle, ne voulait rien entendre. « Ton grand-père est paysan, ton père est paysan… » aboyait-il à Maman. Oncle Daeng ne tenait quasiment plus sur ses jambes. Encore un verre et il s’écroulerait. C’était tous les soirs la même comédie. Ça nous faisait plutôt rire, Kéo et moi, surtout qu’à cette époque nous n’avions pas encore de poste de télévision, alors…

Comme prévu, Oncle Daeng avait fini par s’écrouler tête en avant sur le parquet en bois du salon sans provoquer le moindre ricochet. Son corps dessinait un T quasi parfait. Les moustiques femelles s’en donnaient à cœur joie, récupérant au passage le trop plein d’alcool expulsé par les pores du gisant. Maman avait pourtant pris soin d’allumer un serpentin pour chasser les moustiques. Rien n’y faisait, les insectes, eux aussi, en pinçaient pour l’alcool de riz. Kéo lisait un magazine sur la vie des stars où on apprenait que Michael Wong avait une nouvelle petite amie. Qu’elle était belle, ma grande sœur, avec ses longs cheveux noirs et lisses qui lui descendaient jusqu’aux bas des reins et ses deux minuscules tétines bourgeonnant sous sa chemise de nuit ! Oncle Daeng aimait souvent asseoir Kéo sur ses genoux. Le temps des à dada, guili-guili, et autre noï tchin noï tchin noï avait pourtant vécu ; Kéo n’avait plus cinq ans. Alors, cette façon si particulière qu’avait Oncle Daeng de caresser les cheveux de ma grande sœur, d

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1 Commentaire

  1. jachamac

    Et la suite ??????